La nouvelle loi française instaurant un prix plancher sur les livraisons de livre (2022) : quelles incidences si vous auto éditez vos livres d’histoire ? 

Cette loi vise à instaurer une protection des librairies et librairies en ligne contre Amazon.

Les livraisons de livres devront respecter un prix plancher qui se situerait entre 3 et 5 euros.

Mais il n’a pas été tenu compte du secteur grandissant de l’auto édition.

S’agit-il pour autant d’une menace ?

Pourquoi cette loi ? Quels changements ?

Selon le Syndicat de la librairie française (SLF), l’envoi postal d’un ouvrage coûte entre 6,50 € et 7 € : impossible d’être compétitifs face à Amazon et son énorme réseau. 

Quarante ans après la loi Lang (prix unique fixé par l’éditeur à tous les livres neufs), une nouvelle loi instaure notamment un prix plancher pour les livraisons de livres, quel que soit l’expéditeur.

Désormais, toutes les librairies en ligne devront facturer des frais de port pour les envois de livres. Le montant à fixer par le ministère de la Culture devrait être compris entre 3 et 5 €, qui seront donc payés par le client.

Actuellement, pour un livre vendu 20 €, le prix total payé par l’acheteur en livraison à domicile peut varier par exemple entre 24,99 € (Cultura) et 27,90 € (Leslibraires.fr).

On entend ainsi réduire la concurrence qui existe entre les géants de la livraison (Amazon) (souvent o,1€ ou gratuit) et les (grands) libraires indépendants.

la Fnac ajoute avec une soudaine profession de foi environnementale que cette loi mène vers une « consommation plus responsable et une action en faveur de l’environnement » en limitant les envois postaux.

Notre avis : une loi inefficace et qui oublie le secteur grandissant de l’auto édition

♦ Pourquoi cette loi ne sera réellement pas efficace ?

S’agit-il réellement d’une défaite pour Amazon et sa stratégie traditionnelle de dumping sur les frais de port ?

(qui était officiellement justifiée par la défense du pouvoir d’achat).

Amazon représenterait 10% du marché du livre en France et 50% des ventes en ligne (institut d’études Kantar). La loi met également fin à la gratuité des frais de port liée à des offres de fidélité (Amazon Prime, carte Fnac) ou aux commandes dépassant un certain montant.

Mais … le géant conserve une longueur d’avance sur les libraires et dispose de ses propres armes en matière de livraison :

– par exemple rendre gratuite la livraison pour l’achat d’un autre produit

– Une gestion qui permet de livrer en 24 h.

– Amazon indique que plus du quart des livres achetés sur sa plateforme le sont par des habitants de communes de moins de 2000 habitants, … où les librairies hors ligne se font rares.

S’agit-il réellement d’une nouvelle protection pour les librairies (en ligne) ?

Le consommateur peut conserver des habitudes d’achat de contenus en ligne sans frais de port, comme tout le contexte numérique y incite. Il se détournera vers YouTube, des tutos en ligne, ou dans le meilleur des cas, un e-book. 

En ce sens, la loi se voit comme un combat assez vain d’arrière-garde : elle risque d’accélérer la décroissance du marché du livre papier alors qu’elle entend protéger des acteurs traditionnels de la vente de livres.

♦ Une grande oubliée : l’auto édition

La loi ne se penche pas sur le cas spécifique des auteurs auto-édités (ni des auteurs édités dans de petites maisons indépendantes, mais ce n’est pas notre propos ici).

Lire : Pourquoi le projet de publier un livre d’histoire est devenu facilement réalisable ?

De très faibles incidences sur la vente en ligne de vos livres d’histoire autoédités imprimés

Lequel des 4 cas suivants vous concerne ?

→ La vente en ligne directe aux clients de vos livres d’histoire autoédités imprimés via votre propre plate-forme

La nouvelle loi n’a aucune incidence.

Si vous vendez vos livres autoédités imprimés à l’aide de votre plate-forme-forme de vente en ligne, vous conservez votre liberté de fixer vos frais d’expédition (même plus élevés) car vous détenez un monopole de fait.

Et vous pouvez aussi toujours proposer une réduction au libraire qui souhaite vendre votre livre (moyennant vos frais de port répercutés à ses clients).

→ La vente en ligne indirecte de vos livres d’histoire autoédités imprimés via Amazon

Si vous vendez une bonne part de vos livres imprimés sur Amazon, le prix facial du livre sera plus cher. Cette perception d’augmentation de prix se répercutera d’autant plus funeste pour les livres dont le prix de vente tourne autour de 10 €.

Mais nous espérons que vous n’êtes pas dans ces cas très peu répandus pour les livres d’histoire.

→ La vente en ligne indirecte de vos livres d’histoire autoédités imprimés via des grandes plate-formes d’auto-édition

Les grandes plate-formes d’auto-édition ont en principe l’avantage de réaliser pour vous diverses prestations liées à l’édition puis à la promotion de votre livre (impression comprise).

Dans les faits, ces formules s’avèrent parfois aussi coûteuses que l’édition à compte d’auteur qui est totalement à proscrire.

Heureusement, l’édition-vente de livres imprimés pratiquée de la sorte concerne surtout les auteurs de romans (en mal d’éditeur ?) et de manière très minoritaire des auteurs de livres d’histoire (ou de généalogie).

→ Où est le vrai danger pour les livres d’histoire autoédités imprimés ?

En fait, le vrai danger serait d’oublier les auteurs autoédités dans le droit d’utiliser un tarif postal spécifique pour les libraires, comme cela se pratique par exemple en Allemagne.

• Une alternative qui reste toujours intéressante : la vente en ligne indirecte de vos livres d’histoire autoédités imprimés via les librairies

C’est le système de dépôt-vente pratiqué par Projet-Histoire :

– pour des publications qui comportent un intérêt local (librairies géographiquement ciblées) (particulièrement recommandé en cas de couverture par la presse locale) (et à promotionner dans les réseaux sociaux et locaux)

– pour des publications qui comportent un intérêt général (librairies qui invitent à une conférence préalable)

– y compris hors de librairies proprement dites ou dans des boutiques spécifiques (musées, mémorial, espace culturel – après une conférence), …

L’opportunité d’augmenter vos ventes de livres d’histoire auto-édités numériques

Le succès des livres numériques (e-books ou livres audio) se répand via les grandes plates-formes de vente (outre Amazon).

Ces supports directement téléchargeables après paiement ne demandent pas d’expédition matérielle.

L’opportunité de développer la vente de vos livres d’histoire hybrides

→ Petit rappel : en quoi consistent des livres d’histoire hybrides ?

Les livres d’histoire hybrides contiennent simultanément :

  • un contenu imprimé (expédié après le paiement)
  • des compléments numériques (immédiatement téléchargeables après le même paiement)

2 exemples :

  • Le guide pratique (explications et méthodes en livre imprimé) et son complément numérique : résumé avec tous les liens utiles en PDF, modèle à remplir, mises à jour prévues, complément audio ou vidéo, …
  • Le livre d’histoire classique (livre imprimé) et son complément numérique : lien vers une expo virtuelle sur le même thème (images, son, vidéo, cartographie, …), ticket de visite de site, galerie d’illustrations supplémentaires et en couleurs (moins chères qu’à l’impression), …

→ 3 raisons de participer au basculement vers le livre hybride 

La protection d’un montant minimal de frais de port ne freinera pas une évolution vers des formats hybrides.

Elle est déjà en cours et contient des potentialités nouvelles pour la découverte ou la pratique de l’histoire.

  • La conjonction des supports permet de retrouver des prix de type « supports matériels » mais sans frais d’expédition
  • Cette formule équivaut aux tutoriels de plus en plus prisés par le public des historiens ou généalogistes amateurs
  • Le succès de thèmes historiques présentés sous forme hybride (par exemple un événement commémoratif) peut à l’inverse inspirer l’édition-vente (par souscription et donc avec moindre risque) d’un livre imprimé.
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